Alter do Chao, parcelle de paradis perdu
Alter-do-Chao (prononcer « chan », rien à voir avec Manu...) se trouve dans l'état du Para, voisin de celui de l'Amazonas (Manaus), mais toujours dans la région de l'Amazonie.
L'aéroport de Santarem ressemble à une maison de poupée perdue au coeur de la jungle. Il est 5h du matin et, allongées sur le banc en béton de l'arrêt du bus, on assiste Magali et moi au réveil bruyant des oiseaux. Deux bus brinquebalant sont nécessaires pour rejoindre le village d'Alter-do-Chao à 30 Km – mais plus de 2h- de là. Afin de glaner le plus de passagers possible (les transports -urbains ou non- sont exclusivement privés), le véhicule dessert à partir de la route principale une succession de pistes en impasses dont le sable remplace sans transition l'asphalte, au bout desquelles il opère un demi-tour plus ou moins contrôlé. Et il s'ensable... des 2 roues arrières. Instinctivement, les 2 européennes se demandent comment le chauffeur va pouvoir appeler du secours alors que le téléphone ne passe pas et à quelle heure pourrait bien passer le prochain bus. Les brésiliens, eux, rigolent, descendent tranquillement du bus, coupent des feuilles de palmier qu'ils placent sous les roues, poussent le carrosse qui, à force de vas et viens, finit par s'en sortir... nous laissant bouches bées.
Sac au dos, nous débarquons au village où les habitants nous guident jusqu'à la tranquille pousada « Pôr do sol » d'Alain, dit l'africain, que l'on croise alors qu'il repart à Cayenne.
Il est 14h lorsqu'on rouvre les yeux, décidées à découvrir le village, ou plutôt le site : sous nos yeux, bordant le rio Tapajos -affluent de l'Amazone- un microvillage adulé des hippies, des plages, une île, des presqu'îles, la forêt, des plages...
La suite se résume ainsi : 5 jours de soleil et de bains d'eau douce, et de beaux moments avec Marion, Robert, Wolfgang et Jonny.
Vue depuis le village : on rejoint l'île pour 1RS en barque avec rameur à gros biceps et on choisit la plage avec vagues à droite, ou celle, tranquille et ensoleillée plus tard le soir à gauche ; à l'arrière-plan une étonnante colline qui paraît presque artificielle dans ce paysage au relief doux.
Constat amusant : les brésiliens ne nagent pas... ils restent des heures à faire trempette dans 40cm d'eau en papotant. Alors, quand j'ai décidé d'atteindre le milieu du fleuve pour faire la planche et m'imaginer que j'étais seule au monde, l'un d'eux m'a interpellée à mon retour pour me dire que je nageais bien ! Quant à Magali qui, après avoir fixé ses lunettes de plongée, traversait dans un élan de crawl la totalité du fleuve, il a dû la prendre pour une professionnelle de haut niveau...
Oubliées les serviettes de plage, ici on est donc dans l'eau ou dans son hamac accroché à l'ombre d'un arbre.
Pour profiter de l'eau tout en dégustant son plat de poisson ou sa bière, les tables sont installées... dans l'eau, logique !
Le meilleur guarana du Brésil se déguste sur la place principale d'Alter et comprend du guarana en poudre et liquide, des noix de caju, des cacahuètes, des céréales, du lait en poudre et de l'avocat.
Chercher le vendeur sous son parasol face à l'église !
On trouve aussi dans ce village la plus belle boutique d'artisanat indien de la région, qui propose notamment des objets en caoutchouc. Mon préféré, le sac à main, est écolo, imperméable et beaux... une idée géniale.
Depuis le sommet de la petite colline, on profite d'une vue circulaire sur Alter-do-Chao, son île, les fleuves, les lacs et lagunes que je n'arrive pas à distinguer et cette forêt hors d'échelle qui me dit que je suis minuscule... Là-haut se trouve un monument symbolisant la paix entre portugais et indiens - ceux qui ont survécu sans doute.